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Quand les tiques attaquent

 

Parasites indésirables de la belle saison, qu’on tend à retrouver toute l’année en raison du changement climatique, les tiques sont des acariens hématophages, vectrices d’un certain nombre de maladies infectieuses dangereuses pour les chiens et les chats. La prévention passe par une protection anti-parasitaire adaptée.

 

Qu'est-ce qu'une tique ? 

Les tiques sont des acariens ubiquitaires. Pour se reproduire, les femelles ont besoin de faire un repas sanguin sur un hôte. Ce dernier diffère selon le stade de développement de la tique.

Le chien et le chat sont des hôtes mammifères possibles pour les nymphes ou les tiques adultes. Ils peuvent donc entrer dans le cycle de vie des tiques.

Le chien est plus à risque d’infestation en raison de son mode de vie (balades dans les zones contaminées comme les forêts ou les terrains vagues, pelage parfois abondant dans lequel il est difficile de voir les tiques…). Ces acariens sont les principaux agents de maladies vectorielles canines devant les moustiques, phlébotomes et puces.

Par ailleurs, sur les 15 maladies pour lesquelles les tiques ont été identifiées comme vecteurs (maladie de Lyme, piroplasmose, ehrlichiose…), 7 sont transmissibles à l’Homme (zoonotiques).

De plus, les tiques ont une importance médicale liée à leur impact clinique (anémie, traumatisme cutané, intoxination, risque d’infections secondaires…).

 

Quelles sont les trois espèces dangereuses pour le chien en France ?

En France métropolitaine, il existe trois espèces de tiques du chien. Rhipicephalus sanguineus préfère les régions chaudes et sèches comme le bassin méditerranéen. Cette tique peut entrer dans les habitations, le chien n’a donc pas besoin de faire une balade en forêt pour l’attraper.

Dermacentor reticulatus vit plutôt dans les zones tempérées et froides, comme les prairies par exemple. Ixodes ricinus habite majoritairement les zones forestières, humides, froides ou tempérées. Cette espèce est présente dans la majeure partie du territoire métropolitain mais les régions les plus favorables à sa présence sont le Centre, le Nord-Est et le Sud-Ouest.

Ces trois espèces peuvent transmettre aux chiens des maladies dites vectorielles car elles en sont les vecteurs mais ce ne sont pas les mêmes. Ainsi, Rhipicephalus sanguineus transmet surtout au chien l’ehrlichiose ; Dermacentor reticulatus est la tique majeure impliquée dans la piroplasmose du chien (appelée aussi babésiose) ; Ixodes ricinus se nourrit souvent sur des ruminants mais peut aussi prendre un repas sanguin sur un chien ou un Homme. Cette tique est le vecteur d’encéphalite à tique chez l’Homme, maladie dont le chien peut être le réservoir, surtout en Alsace pour ce qui concerne notre pays. Elle peut également transmettre la maladie de Lyme au chien et à l’Homme (autour de 3 000 cas humains par an en Alsace).

Ailleurs dans le monde, on dénombre de nombreuses espèces de tiques : des tiques dures ou Ixodida, recouvertes de plaques rigides sur le corps (700 espèces) et les tiques molles ou Argasida au tégument lisse dénué de plaques rigides (200 espèces plutôt retrouvées chez des oiseaux en France).

Un site vétérinaire, avec accès au grand public, celui de l’ESCCAP*, répertorie les différentes maladies et leurs tiques vectrices pour de nombreux pays européens. Ces informations sont utiles pour préparer un voyage avec son animal.

 

Comment retirer la tique rapidement ?

La prévention est en effet capitale, notamment en zones endémiques. Si certains symptômes peuvent passer inaperçus au début de l’affection, les chiens peuvent développer des maladies graves, parfois mortelles lorsqu’elles ne sont pas traitées à temps.

Des séquelles existent dans certains cas et ne doivent pas être négligées. Ces maladies sont par ailleurs difficiles à diagnostiquer et à traiter.

En zone à risque et après une balade, tout propriétaire de chien devrait surveiller le pelage de son animal. Il est parfois difficile de repérer une tique dans un poil long et dense. La palpation cutanée régulière de son chien évite pourtant de laisser une tique en place.

En effet, plus le temps entre la morsure et le retrait de la tique s’allonge, plus le risque d’inoculation d’agents pathogènes augmente. Le retrait de l’acarien se fait à l’aide d’une pince (crochet à tiques) prévue à cet effet. Le rostre est comme vissé dans la peau du chien, il faut donc tourner la tique avant de l’extraire.

Une fois la tique ôtée, il faut désinfecter le lieu de la morsure avec un antiseptique. L’animal est surveillé dans les jours qui suivent et tout signe clinique doit alerter le propriétaire et l’orienter vers une consultation vétérinaire.

A la différence des adultes, les larves et nymphes de tiques bien fixées sur leurs hôtes meurent si elles sont enlevées avant la fin du repas de même que les femelles, correspondant aux grosses tiques gorgées qui ne pourront se fixer de nouveau. Autre fait à connaître, il est préférable de ne pas enlever une tique à la main mais d’utiliser un dispositif de retrait spécifique (tire-tique). En effet, une action manuelle risque de ne pas suffire pour retirer le rostre de l’acarien qui restera fixé dans le derme et pourra provoquer un abcès cutané. Par ailleurs, la manipulation d’une tique génère un stress qui peut induire une augmentation de la quantité de salive produite par la tique, cette salive étant vectrice potentielle d’agents pathogènes. Chez la tique, la transmission d’un agent pathogène à la descendance (transmission transovarienne) n’est pas systématique et dépend des agents pathogènes. Elle a par exemple été montrée pour l’agent de la babésiose (piroplasmose) mais pas pour celui de la maladie de Lyme.

Il est intéressant de déterminer l’espèce de tique qui s’est nourrie sur le chien. Le propriétaire peut donc après l’avoir ôtée la conserver et l’apporter à son vétérinaire pour qu’il en fasse la diagnose et évalue ainsi les risques sanitaires pour le chien.

La prévention fait appel à des antiparasitaires adaptés, leur spectre d’action incluant souvent la prévention couplée contre les puces et les tiques mais pas toujours.

* ESCCAP : European Scientific Counsel Companion Animal Parasites, site Internet : www.esccap.fr.

 

L’infestation du chien par les tiques : les facteurs de risque

Une étude récente s’est penchée sur la prévalence et les facteurs de risque d’infestation par les tiques chez les chiens au Royaume-Uni sur la base des dossiers électroniques anonymisés de 905 553 chiens recevant des soins vétérinaires en 2016 dans les cliniques participant au programme VetCompass. Ces animaux ont été suivis pendant 5 ans.

Les auteurs ont prélevé un échantillon aléatoire et identifié 1 903 cas d’infestation par des tiques.

Sur une période de 5 ans (2014 à 2018), la prévalence est estimée à 2,03 %.

Designer dogs

L’étude a mis en évidence 16 races canines comme ayant un risque accru d’infestation par des tiques. Parmi elles figure le cairn terrier, le caniche standard ou encore, une race qui n’est pas reconnue mais qui est très en vogue au Royaume-Uni, le goldendoodle qui est un croisement de golden retriever et de caniche.

A l’inverse, les auteurs ont mis en évidence 6 races comme étant moins touchées par les infestations de tiques dont le bull terrier du Staffordshire, le rottweiler et le chihuahua.

Le sexe fait aussi partie des facteurs de risque, les chiens mâles ayant 1,24 fois plus de risques d’être infestés que les femelles.

Les chiens dit « designer dogs », issus de croisements de deux races bien précises comme le goldendoodle, sont également plus concernés que les autres par les infestations de tiques.

Rôle du phénotype

Le phénotype des chiens joue également un rôle, les races à poil de longueur moyenne ayant des risques supérieurs par rapport aux chiens à poil court. De même, les races qui portent les oreilles tombantes en forme de V ont des risques plus élevés que celles à port d’oreille dressé.

Cette mise en évidence de facteurs associés à une infestation supérieure par les tiques permet de raisonner plus efficacement la prévention en sensibilisant les propriétaires de races à risque et en soutenant des protocoles de prévention et thérapeutiques plus efficaces, basés sur des approches ciblées.

*JSAP, 23 avril 2024, https://doi.org/10.1111/jsap.13727.

 

Transmission par la tique non systématique

D’autres voies de transmission d’agents pathogènes entre tiques existent comme la transmission lors de repas sanguin si deux tiques le prennent l’une à côté de l’autre.

Une autre idée reçue concerne la relative « immunité » de la tique vis-à-vis des agents pathogènes qu’elle véhicule. Au contraire, la présence de l’agent pathogène peut être à l’origine de lésions tissulaires chez la tique et responsable d’effets délétères chez cet acarien pouvant même aller jusqu’à sa mort.

En ce qui concerne la transmission d’agents pathogènes à l’hôte, en l’occurrence le chien ou le chat, elle n’est pas systématique tout simplement car les tiques ne sont pas toujours infectées par des agents pathogènes. Leur contamination est même assez faible et varie en fonction de plusieurs facteurs (espèces de tiques, région, agent pathogène…).

Une même tique peut, par ailleurs, être co-infectée par plusieurs agents pathogènes simultanément et être responsable de co-infections chez l’animal.

La tique est un parasite très résistant et un simple lavage de l’animal ne suffira pas à la tuer contrairement à ce que pensent parfois les propriétaires.

Au contraire, l’immersion dans l’eau induit un réflexe chez la tique qui lui permet de survivre. Laver son chien ne suffira donc pas à le déparasiter !