Douleur : savoir en repérer les signes
Considérée comme une maladie à part entière et non pas seulement un symptôme, la douleur chronique n’est pas si évidente à mettre en évidence chez le chien et encore moins chez le chat. Pourtant, dépister précocement la douleur chez l’animal, qu’elle soit aiguë ou chronique, permet une prise en charge plus rapide et offre de meilleures chances d’amélioration.
La prise de conscience sur le bien-être animal s’est accentuée ces dernières années et la notion de douleur chez l’animal n’est aujourd’hui plus remise en question. En corollaire, les propriétaires sont soucieux d’offrir une bonne qualité de vie à leur animal et donc attentifs à ne pas le laisser souffrir.
Une étude publiée en juillet 2024 a notamment montré qu’éduquer les propriétaires à la détection de la douleur, en l’occurrence ici chez le chien, augmentait la probabilité de consulter un vétérinaire et donc améliorait la prise en charge de l’animal. Les interprétations des propriétaires et les actions (ou inactions) ultérieures face à des comportements pouvant suggérer une douleur ont en effet de grandes implications pour le bien-être des animaux de compagnie.
Il importe donc d’être capable de repérer les signes évocateurs de douleur chez le chien et le chat et ce n’est pas forcément si simple d’autant plus que les réactions à la douleur sont très dépendantes de l’individu.
Première dichotomie à effectuer, il faut distinguer la douleur aiguë de la douleur chronique.
La douleur aiguë est de courte durée et disparaît en général en quelques heures à quelques semaines, en fonction du temps de guérison. Elle est liée à une cause précise, connue ou non (fracture, traumatisme, brûlure…).
La douleur chronique est une douleur persistante, qui dure plus de trois à six mois et répond mal aux traitements usuels. Elle engendre des conséquences à long terme, notamment sur la qualité de vie de l’animal.
Mécanismes différents
Les deux types de douleurs relèvent de mécanismes physiopathologiques différents.
La douleur chronique est associée à une affection chronique. Ce n’est pas un symptôme de plus mais une maladie à part entière. Son abord doit être multimodal, pluridisciplinaire et individuel, en traitant bien sûr les affections qui la provoquent.
Chaque animal a sa propre expression clinique de la douleur qui dépend de plusieurs facteurs : son patrimoine génétique (certaines races canines par exemple, sélectionnées initialement pour le combat, présente une plus grande résistance à la douleur), ses expériences personnelles, son vécu douloureux, son environnement émotionnel et cognitif.
L’exemple le plus typique d’affection chronique engendrant une douleur chronique est celui de l’arthrose. Cette maladie touche 15 à 20 % de la population totale de chiens et de chats et concerne 70 % des chiens de plus de 9 ans et des chats de plus de 11 ans.
La douleur chronique accompagne une détérioration fonctionnelle, particulièrement visible dans le cas de l’arthrose avec un animal qui devient moins mobile, moins actif…
Les signes d’appel de la douleur peuvent donc porter tout d’abord sur l’activité de l’animal : un chien ou un chat qui est moins enclin à sortir, rechigne à partir en balade, met plus de temps à se lever, montre une raideur des articulations, met plus de temps à sauter pour descendre d’un support en hauteur (pour un chat), a des difficultés à monter les escaliers…
Le chat notamment qui est un animal qui vit en 3D aura tendance à perdre cette capacité et a moins accéder aux lieux en hauteur.
Plus difficile à repérer chez le chat
Bien sûr certains signes sont plus faciles à repérer que d’autres. Une boiterie par exemple sera bien visible.
Autre volet qui peut être impacté par la douleur : le comportement. Un chien ou un chat qui se montre plus irritable, accepte moins les caresses (pour un chat surtout), manifeste de l’agressivité sans raison… peut agir ainsi parce qu’il a mal.
L’isolement social, bien mis en évidence chez l’Homme, est également une conséquence d’un phénomène douloureux chronique. Ainsi, un chat qui a mal aura tendance à rester en retrait, à s’isoler dans des cachettes diverses. Un animal qui reste prostré peut également être victime d’un phénomène douloureux.
D’autres signes peuvent être évocateurs de douleur et notamment des vocalises (chat qui miaule sans raison, chien qui gémit), mimiques faciales, un sommeil perturbé (animal qui dort plus ou au contraire moins bien et s’agite la nuit), etc.
Globalement, la douleur est plus difficile à repérer chez le chat qui a davantage tendance à la masquer et est moins fréquemment sous les yeux de son propriétaire qu’un chien.
Des échelles de douleur ont été produites pour aider les propriétaires à la repérer. L’une d’elle, la grille CSOM pour Client Specific Outcome Mesures leur est spécifiquement destinée et permet une personnalisation de l’évaluation, les propriétaires étant invités à observer les signes de douleur typique pour leur animal en particulier.