Dilatation-torsion de l’estomac : une urgence vétérinaire
Véritable urgence vétérinaire, la dilatation-torsion de l’estomac connaît un certain nombre de facteurs de risque. Il importe de les maîtriser pour prévenir cette affection digestive gravissime.
Le syndrome dilatation-torsion de l’estomac (SDTE) est une affection qui sévit plus particulièrement chez certaines races de chiens, notamment de grande et très grande taille comme le dogue allemand qui est souvent pris en exemple quand on évoque cette maladie.
Outre le gabarit du chien, elle connaît d’autres facteurs de risque dont une potentielle composante génétique mais qui n’a pu être confirmée, ce qui rend caduque toute volonté de sélection.
Il s’agit d’une véritable urgence vétérinaire qui nécessite une prise en charge très rapide pour sauver le chien. Par chance, celle-ci est aujourd’hui très codifiée et les avancées thérapeutiques dans ce domaine ont permis une réduction du taux de mortalité, sous réserve que le chien soit conduit suffisamment rapidement chez le vétérinaire (ce taux est passé de 90 % il y a un siècle à 30 % aujourd’hui).
Les facteurs de risque du SDTE sont donc la grande taille ; la conformation avec des chiens au thorax profond (dogue allemand, rottweiler, dobermann…) et potentiellement d’autres particularités anatomiques ; un âge supérieur à deux ans, même si la maladie a pu être observée chez le chiot ; tout ce qui contribue à stresser l’animal (retour d’exposition, de toilettage…) ; un chien glouton qui mange sa ration rapidement ; une ration distribuée sous forme d’un seul repas quotidien, volumineux et riche en matières grasses ; un grand volume d’eau ingéré après la ration ; des antécédents de troubles digestifs.
Cliniquement, le premier phénomène est la dilatation de l’estomac. Sa torsion peut venir dans un second temps mais n’est pas systématique.
Dilatation et compression
Après un repas copieux ou déséquilibré, l’estomac se remplit de gaz et de liquide et se distend. Puis il peut donc se retourner à 180°, dans le sens des aiguilles d’une montre si on regarde le chien d’arrière en avant, ce qui a des conséquences délétères sur plusieurs fonctions métaboliques. Beaucoup plus rarement, la torsion peut s’effectuer dans le sens inverse des aiguilles d’une montre.
Les conséquences de la dilatation, puis éventuellement de la torsion, expliquent les symptômes observés et principalement l’installation d’un état de choc. En effet, l’estomac distendu appuie sur le diaphragme ce qui provoque des troubles respiratoires et une mauvaise oxygénation de l’organisme. L’estomac comprime également plusieurs veines ce qui entraîne un effondrement de la pression artérielle et l’installation rapide d’un état de choc.
Au niveau de l’estomac lui-même, la dilatation aérique puis l’éventuelle torsion qu’il subit sont responsables de lésions potentiellement irréversibles si l’intervention vétérinaire tarde trop. D’autres organes abdominaux sont également susceptibles d’être concernés et de subir des dommages, comme la rate.
Cliniquement, le chien est gonflé et ballonné, surtout du côté gauche. Son ventre est dur. Il manifeste des signes de stress, ne tient pas en place, fait des tentatives infructueuses de vomissements, bave, tourne sur lui-même et présente des difficultés respiratoires, une accélération du rythme cardiaque.
En l’absence de traitement, il tombe sur le côté et peut mourir rapidement.
Les détenteurs doivent donc réagir aux premiers signes et conduire l’animal dans une clinique vétérinaire.
D’abord évaluer l’animal
Lors de son admission, le praticien évaluera l’intensité du choc et la capacité du chien à supporter une intervention chirurgicale. La priorité consiste en premier lieu à lutter contre l’état de choc et à rétablir les constantes vitales de l’animal.
Le vétérinaire effectue également une prise de sang car certaines constantes peuvent avoir un intérêt pronostic.
Lorsque la dilatation n’est pas accompagnée de torsion (confirmée par radiographie), l’intervention chirurgicale n’est pas systématique et des mesures de décompression de l’estomac peuvent suffire à sauver le chien. Dans le cas inverse, la chirurgie est bien souvent nécessaire.
Pour décompresser l’estomac, le vétérinaire peut faire passer une sonde dans l’estomac ou le ponctionner à l’aiguille.
Lorsque l’état du chien le permet et que la torsion est confirmée par la radiographie ou que le praticien souhaite évaluer les dégâts de la dilatation sur les organes abdominaux, une intervention chirurgicale est effectuée. Elle vise la détorsion de l’estomac mais aussi l’exploration de la cavité abdominale et notamment l’évaluation de la rate. Cette intervention permet également si nécessaire de fixer l’estomac à la paroi abdominale (gastropexie) pour éviter une récidive du SDTE qui malheureusement n’est pas exclue et est même fréquente.
Le suivi post-opératoire est important car décisif quant à la survie du chien. Des complications sont possibles pendant 4 à 5 jours.